Chantiers d'insertion et clauses d'insertion : crer des passerelles (11)

Publish date: 2024-08-21

Chantier d'insertion, association intermédiaire, entreprise d'insertion, entreprise de travail temporaire d'insertion, entreprise "normale" : telle pourrait être la succession d’étapes qu’une personne doit enchaîner avant de rejoindre le monde "ordinaire" du travail. Pour renforcer les passerelles entre le monde de l'insertion et celui des entreprises, Carcassonne Agglo (73 communes, 105.104 habitants) a choisi de mettre en œuvre la clause d'insertion dans les marchés publics. Cette clause- qui oblige l'entreprise attributaire d'un marché public à réserver un certain nombre d'heures nécessaires au chantier dudit marché à des personnes en insertion- permet à des personnes de travailler dans des entreprises qui n'auraient souvent jamais misé sur leur candidature. Et réciproquement.

Clause d’insertion portée par Carcassonne agglo solidarité et pilotée par l’association en charge du PLIE

Depuis 2009, Carcassonne agglo assure le portage politique des clauses d'insertion. "Parce que nous considérons que l'insertion professionnelle fait partie de la cohésion sociale", explique Daniel Iché, vice- président de Carcassonne Agglo, en charge de la solidarité, l'insertion et l'emploi. La mise en œuvre a été déléguée à l'association Association d'Insertion et de Suivi Professionnel de la Communauté d'agglomération du carcassonnais (AISPCAC), car celle-ci gère également le plan local d'insertion à l'emploi (PLIE). Une chargée de mission dédiée intervient en amont de l'appel d'offres pour repérer, avec les collectivités donneuses d'ordre, les marchés susceptibles d’intégrer une clause. Fonctionnant sous la forme d’un guichet territorial unique, la chargée de mission assure ensuite l'interface entre les entreprises et les partenaires de l'insertion facilitant ainsi l'application de la clause d’insertion en proposant les personnes repérées.

Chantiers d'insertion à l‘échelle du territoire intercommunal

Le CIAS de Carcassonne a lancé son premier chantier d'insertion en 2010, à l'occasion d'un projet de réhabilitation d'un ancien bastion abandonné, en plein centre-ville de Carcassonne. A l'issue de ce chantier d'insertion de 10 personnes, la moitié a trouvé un emploi (CDD de plus de six mois ou CDI) ou une formation. Un bilan qui a conduit le vice-président de l’agglomération à proposer d'étendre ce type de chantier –dit de "Rénovation du patrimoine rural"-, aux 23 communes de l'agglomération de l'époque (en 2013, elles sont 73). Une idée qui a fait mouche puisque les carnets de commande du chantier sont déjà pleins pour 2013. Seul bémol, chaque année, le CIAS doit solliciter à nouveau les autorisations et les financements de l'Etat, ce qui n'est jamais gagné... Le CIAS a ouvert un autre chantier d'insertion "Jardins du coeur" centré lui sur la production maraîchère, offerte aux Resto du coeur.

Du chantier à l’insertion : une passerelle qui fonctionne

Ces deux catégories de chantiers ont l'avantage, selon Daniel Iché, de concerner des secteurs porteurs offrant des débouchés : métiers du bâtiment, de l'artisanat ou maraîchers en périphérie de Carcassonne. Au vu de l’issue des parcours des personnes qui ont travaillé sur ces chantiers du CIAS, le bilan est plutôt encourageant.
Le CIAS a par la suite décidé d’inscrire la clause d’insertion dans ses marchés de travaux, afin de développer les passerelles entre les chantiers d’insertion et le secteur économique. Un premier chantier pour la restructuration d'un accueil de loisirs en 2010 prévoyait 820 heures d'insertion. Au bout du compte, ce sont 950 heures qui ont été réalisées, et 8 personnes en insertion ont été recrutées, dont 6 jeunes sans qualification. L'un de ces salariés était issu d’un chantier d’insertion du CIAS. Par ailleurs, sur les 66 participants "clause" suivis dans le cadre du PLIE, 26 sont issus d’un chantier d’insertion dont 5 du chantier du CIAS.

"La passerelle entre chantier d'insertion et la clause est vraiment intéressante, car celle créé une marche de plus dans un parcours d'insertion durable", reprend Soazik Laborde, chargée de mission à l'AISPCAC. Face aux critiques, récurrente et parfois virulentes, sur les chantiers d'insertion, parfois considérés comme des "cache misères" ou critiqués pour son "effet d’aubaine", cette passerelle est un argument de plus pour Daniel Iché. "Nous ne faisons pas de l'occupationnel. L'apprentissage des techniques - comme la maçonnerie, le gros-œuvre, etc. - ouvre à des branches qui offrent des emplois. Et un peu plus facilement sur notre territoire grâce à la clause sociale."

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

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